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Rien à raconter
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7 octobre 2006

Coup de grâce

Ce fût une journée de formation pas comme les autres.

 L’Homme encore jeune était resté collé à son métrosiège de souffrance. Ses collègues le virent bien, il était  absent, comme  préoccupé par une grande affaire.  

IL méditait sur ce qu’être un quinqua génère et se disait qu’il aurait aimé savoir ce qu’être un sexy génère.

Toute la journée les autres  attendirent le bon mot, la saillie inattendue que tous attendent. Quel comique ce Loïc. Mais le clown était terne. Eteint, atteint comme hautain.

 

Sa décision était prise, dès ce soir il verrait B. Ce médecin qui donne envie d’être malade tant sa bonne humeur irradie. B. et son sourire, ce baromètre de sa santé. Quelle peur quand B. après avoir pris sa tension regagne son siège le sourire perdu, aussitôt IL sait …c’est grave Docteur ????

 

17 Heures. Petit vieux tremblotant de peur reprend le métro, surtout ne pas croiser un regard, se tenir droit comme dans un nid, tenir bon la barre .

 

17 heures 10. IL rentre dans la salle d’attente, un jeune couple attend sagement son tour. IL sourit, rasséréné, nulle trace de pitié sur les visages, ils ne remarquent rien, ce matin était donc un accident, un malentendu.

 

IL entend la douce voix de B., le patient précédent a du mal à la quitter. Puis elle apparaît, invite du regard le jeune et gentil couple à la suivre.

 

 L’Homme encore jeune, vieillard du matin, est serein, le cauchemar du métro s’estompe déjà.

 

 La scène dura quelques dixièmes de secondes, encore aujourd’hui elle m’apparaît comme irréelle. Je ne vois plus le visage de cette jeune femme, avait-elle vraiment son compagnon près d’elle ou l’ai-je inventé, ne reste que cette voix douce, ce regard porté sur moi, ce mouvement du corps presque imperceptible et qui pourtant m’a fait relever la tête avant de la baisser définitivement, blessé, achevé, terrassé.

 

 Mon corps qui se lève, automate, mes lèvres qui balbutient, vieux clown fatigué, perdu.

 

Ce matin là une jeune fille m’a invité à m’asseoir et ce fut la fin d’un monde, ce soir là une jeune femme m’a invité à me lever et ce fut la fin du monde.

 

Ai-je vraiment entendu ces mots «  allez-y d’abord vous, Monsieur ».

 

Mais enfin qu’est-ce que j’ai ……..

 

C’était il y a six mois.

 

Devant B., un vieux clown fatigué a retiré son masque.

 

 

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Commentaires
I
je n'habite pas Cagnes<br /> et plus au sud encore moins<br /> je suis plus au nord tout près de la capitale<br /> dans cette "région parisienne" souvent grise
T
Truly, ne te prends pas la tête comme ça! C'est dans la tête que ça compte! Je ne sais pas si ça peut te rassurer mais pour ma part, je ne me sens pas du tout en décalage avec toi!<br /> <br /> Bisous papy :op
M
Il va des gens comme il va des vins, certains tournent au vinaigre, et certains, comme toi, se bonifient en vieillissant.<br /> Te lire est succulent, j'adore :)
I
c'est l'effet produit par votre belle écriture<br /> par la saveur des mots et le piquant des phrases<br /> et par ce qu'elles me racontent<br /> touchée...<br /> par votre style qui se précise et qui s'affirme me semble-t-il<br /> touchée...<br /> par votre histoire <br /> qui me parle<br /> alors merci pour ces belles lectures<br /> au plaisir de vous lire.
D
DIPLODOCUS est un nom d'emprunt
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