PAPY AILLEURS
Papy continue
avec un plaisir déclaré, donc non dissimulé, de sévir sur le Blog-Atelier d’écriture
Paroles Plurielles.
Et pour vous compliquer la tâche (oui, vous savez
que j'adooooooooore ça!), voici une phrase d'incipit"J'abandonne" (dur dur) paru en
collection folio
" Le samedi, c'est plus tranquille. Il y a moins de monde. (p56)
COUMARINE
Peut-être
un jour par hasard verras-tu cette photo, la petite Ruby, ce diamant que tu ne
poliras jamais et Tony, ce petit caïd qui rêve déjà de marcher sur les
traces de son père. Mais cela, je ne le permettrai pas. Je ne baisserai
plus la tête, je te regarde fièrement droit dans les yeux, ces yeux noirs que
je ne croiserai plus. Je t’en veux trop de m’avoir laissé seule le ventre empli
de celui que tu appelais ta fierté, ce fils que j’avais pour mission de te
donner. Je t’en veux trop pour cette richesse que tu as tenté de m’offrir. Je
n’en voulais pas de cet or là, ce sont des mots, ce sont des regards, ce
sont des gestes que j’espérais. Ce sont ces trésors là que j’attendais et
pas ces lingots, ces magots que tu savais où trouver. Tu vois sur quels
chemins cet amour là t’a mené, chemins de bandits de plus en plus grands, de
plus en plus sanguinaires, de plus en plus aveuglés par l’odeur du sang
et de l’argent.
Tu finiras tes jours,
solitaire, dans ta cellule. Le samedi, c’est plus tranquille. Il y a moins de
monde. Mais pour moi, il n’y avait plus de samedi, tu m’as assigné à la
caravane sous la surveillance de ta famille. Mais moi, tu vois, j’ai
refusé la sentence, j’ai refusé la peine que tu m’infligeais. Oh bien sûr pour
la tradition, j’ai feint d’accepter ma condition de femme à la caravane qui
repasse, qui lave, qui cuisine, qui se tait. Mais le soir, quand mes diamants
étaient couchés, lettre après lettre, mot après mot, je m’évadais, page après
page, je creusais le tunnel vers ma liberté, livre après livre, je brisais mes
chaînes.
Et cet amour là, je le
transmettrai à ceux qui auraient dû être nos enfants.
Je le lèguerai à mes
enfants pour qu’ils choisissent leurs chemins en toute liberté.