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Rien à raconter
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6 octobre 2010

RENCONTRE

Il , quand je dis il je parle de lui , d’un autre, de l’autre, mais parfois il est moi, éclairage utile pour qui ne veut pas comprendre ce qui suivra , il disais-je, quand je dis je , il parle du narrateur dont on ne sait qui il est, il était droit comme un il, autre moi  peut-être  vingt, trente ans plus tard, il avait été posé là , assigné à son fauteuil dans sa robe de chambre qui fût un jour écossaise,  le regard fixe, la bouche légèrement et obstinément entrouverte, quêtant les derniers souffles de vie, les tubes sortant de son corps chantant les dernières mélodies pas à la mode. Posé là dans le couloir, il me regardait, plus exactement son regard ou  plutôt ses yeux étaient dans ma direction, voilà c’est cela j’étais dans son champ visuel, comme un obstacle à son horizon morbide, peut-être se voyait-il vingt, trente ans plus tôt. Le ballet incessant des hommes et femmes en blouses bleues et blanches n’altérait pas ce lien muet, chacun regardait l’autre en se regardant. Les ordres fusaient, les noms s’appelaient, les intéressés se levaient, les manipulateurs manipulaient, plus à gauche, plus à droite, le dos contre la vitre, écartez les pieds, levez les bras, les uns s’asseyaient, les autres se rasseyaient, les mines étaient  graves, les yeux plongés dans les Marie-Claire et leurs souffrances, les attentes  inquiètes et muettes des futures douleurs.

Un homme en bleu, moustache frémissante, blouse savamment entrouverte sur une velue poitrine où se nichait, comme la cerise dans le gâteau ou la fève sur la galette,  une médaille coruscante sans doute de confusion , sans ménagement vint procéder à l’enlèvement de mon muet ami.

Quelques minutes plus tard, il était posté à l’entrée du couloir, bras puissants puissamment croisé sur la poitrine toujours aussi velue et sa petite cerise toujours bien rouge, regard légitime et assuré de celui qui sait ce qu’il fait. Un léger tour de sa tête qu’il a massive, une voix bizarrement fluette, une annonce qui me glace d’effroi voire de chaud « Bon, faut en descendre un autre.. » .

Je me plonge dans Elle.

Enfin, mon nom, oui c’est bien moi qui me lève pied mal assuré sous le regard, coup d’œil discret, je le sens, des lecteurs de Paris Match, porte 2, en slip, indications utiles pour mes éphémères amis lecteurs .

Retourner à sa place, je me conforme aux us et coutumes,  reprendre le même siège, se replonger dans, le commentaire du spécialiste, carte vitale, carte bancaire, puis filer au labo, et penser à mon ami muet, cet autre moi.

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Commentaires
L
Le coruscant va bien avec le blanc et le bleu, moi aussi je suis content de revenir et vous lire..ici et chez vous.
K
Je ne connaissais pas non plus coruscante... mais je reconnais bien le ballet de ces blouses blanches ou bleues ! Très contente de lire tes nouveaux mots ;-)
L
Je l'aime bien ce petit mot là, comme j'aime la fidélité et la patience de mes amis :)
L
Je crois ou tu crois, moi je ne crois rien, mais je n'ai rien dit .
L
J'aime bien ton regard sur mes petits mots, il les éclaire.
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