Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Rien à raconter
Rien à raconter
Publicité
Derniers commentaires
26 mai 2011

URGENCES EN FIN

Elle m’attendait et moi avant de la rejoindre j’affrontais l’ambulancière, mais cette fois-ci, j’avais anticipé, les pieds écartés au maximum, j’évitais l’affrontement direct, mon honneur était sauf, en ces temps troublés il convient d’être prudent et de ne pas mettre les pieds dans le plat. Ce n’est pas vraiment la formule adéquate, mais je m’égare.

 La chambre était vide, j’avais un vrai lit, la chance d’avoir à moins d’un mètre la douce lumière d’un éclairage public qui m’accompagnerait toute la nuit. J’allais découvrir par la suite que sous cette fenêtre se trouvait un emplacement pour les ambulances, mais j’étais heureux, seul, tranquille, j’ignorais qu’IL allait arriver.

 Et il arriva, il me  suffit de deviner un imperceptible mouvement de la tête, un court appui sur les coudes,   pour sentir le regard inquisiteur, le total désintérêt pour tout ce qui n’est pas lui, un pressentiment m’envahit, il précédait un autre envahissement mais je l’ignorais encore, ce quart de seconde fut suffisant pour comprendre que je n’allais pas sentir mon nouveau compagnon et sur ce dernier point je me trompais lourdement.

 Deux minutes après il se mit en demeure d’appeler  l’infirmière, que dis-je hurler à l’infirmière comme d’autres blessés de la vie hurlent à la mort, l’hurlage, je sais, hurlage n’existe pas mais ça me plaît, l’hurlage disais-je, sans effet, fut suivi de cinq minutes de borborygmes, d’onomatopées et de considérations philosophiques  nécessaires pour trouver le moyen idoine pour la sonner.

L’heure était grave autant que la situation et réclamait d’urgence le concours d’un bassinet, comment lui en vouloir , non pas au bassinet, mais à celui qui allait  toute la nuit, enfin ce qu’il en restait, me bassiner. Je me comprends, enfin je crois, j’essaie.

Après de vaines tentatives enrobées des mêmes borborygmes, l’infirmière compatissante consentit à retirer ledit bassinet, vide vous l’aurez compris. La séquence fut rejouée plusieurs fois avant que l’infirmière compatissante en voie d’excédation, oui je sais, ne lui susurre à l’oreille «  et maintenant on va vous le laisser dessous, hein, comme ça  y’aura plus qu’à le vider ».

Le bruit des entrailles fracassa le silence d’une nuit d’hôpital ordinaire, enfin la nuit pas l’hôpital, un tsunami d’odeurs fétides autant qu’emphitiques dévasta l’air inodore et sans saveur de la pièce, les vagues se succédaient sans relâche, un concert d’onomatopées, de jurons, de plaintes et de gémissements geignards accompagnait le bel effort.

Je ne respirais plus, la bouche était cousue, les narines pincées, le corps tendu se terrait sous le drap.

L’infirmière si elle était compatissante, n’était pas un « Nez » ou alors la routine lui fit dire un bien senti « Alors vous avez fait ?? ».

Je peux témoigner, malgré tous mes sens fermés, IL A FAIT, Madame l’infirmière.

La nuit fut une succession de plaintes apitoyées, de pleurs, de reniflements, de gémissements.

 Je n’entendis qu’une seule phrase après que je n’eus pu réprimer une quinte de toux plus spectaculaire que les autres.

 D’une voix claire et forte il asséna un définitif « Ah je risque pas d’oublier que je suis à l’hôpital ».

 Il m’arracha finalement un sourire, mais il ne le sut jamais.

Publicité
Publicité
Commentaires
T
Bien sûr, ton humour m"arrache un sourire à moi aussi, comme "presque " toujours !!!!!!!<br /> <br /> Oublies tout et bonnes vacances.
L
Oui Inci, l'humour retrouve un peu son sens,c'est que ça va mieux :) Je vais faire une pause le temps de 2 semaines de vacances "Corsées" et d'une 3e "so..Nice" <br /> <br /> Bises <br /> <br /> Loïc
L
Merci , oui ça va mieux. Tu sais je n'ai pas osé commenter tes derniers textes, mais je les ai lus avec infiniment de respect.
I
Je retrouve ta syntaxe - que j'aime tant - et ton humour corrosif. Quel plaisir ! Les deux en un : c'est que tu vas mieux, non?<br /> Je t'embrasse
L
Après les joies des urgences, les joies de la cohabitation de chambrée ; et tu réussis à me faire sourire...<br /> Ça va mieux ?
Publicité