L'ETRON de TROP
Papy et Mamy étaient bien à l’abri du danger dans leur petite auto. Ils attendaient sagement que le feu cesse sa colère et passe enfin au vert.
Sur le trottoir surgit un iroquois carquois au dos précédant d’une courte crête son féroce molosse. On voyait bien qu’il n’était pas d’humeur à plaisanter, que c’était un vrai routard, une Doc noire, une Doc rouge, les braves gens dans leurs autos verrouillaient les portières, mains crispées sur le volant, goutte de sueur perlant au front.
On vit surgir paisible un petit homme, pipe à la bouche, il se dirigeait d’un pas courageux vers le SDF sans domicile fixe, il allait le croiser, il allait le frôler, tous étaient stupéfaits par l’audace tandis que le feu de guerre lasse hésitait entre le vert et le rouge pour finir par mettre l’orange.
Petit homme dodelinait curieusement de la tête en un mouvement dénégateur quand soudain un air réprobateur souffla sur son visage, son attaché-case à la main gauche s’était immobilisé, il désigna d’un doigt accusateur la chose encore fumante déposée en une fraction de seconde par le molosse du colosse qui rôde.
Il fonça vers le mâtin et son narquois iroquois intimant de sa gestuelle au dit iroquois de faire disparaître l’objet du délit, cet étron de trop sur le trottoir de notre belle ville.
Ce que le grand gaillard déconfit fit suivi de son molosse penaud jusqu’à l’os.
De soulagement le feu passa enfin au vert et les braves gens soulagés, eux aussi, repartirent pied au plancher.