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Rien à raconter
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11 février 2007

JE M'APPELLE A.

Je m’appelle A., j’aime le cinéma, celui des frères Coen et de DiCillo, j’aime les romans de Munoz Molina. J’imagine souvent des histoires aux gens que je rencontre. Je leur invente un passé mais rarement un avenir. J’aime aussi tout simplement me balader dans la forêt, écouter le silence, m’enivrer de l’odeur des fougères, du parfum de l’humus, j’aime..... Mais, je ne me suis pas introduite subrepticement sur ce Blog, profitant de l’assoupissement cacochyme du Papet, pour parler de moi.

Le week-end, je suis serveuse dans un petit restaurant de la ville. Quand je dis petit restaurant, je parle de la taille, ce Paris New York là est une destination qui commence à se faire sa petite réputation. La clientèle habituelle est jeune et aisée, souvent des couples amoureux dînent dans leur bulle, comme seuls au monde, seuls dans ce voyage en première classe. L’ambiance est feutrée, même les petits groupes que nous accueillons se coulent dans ce moule du silence, le confort cotonneux du Paris New York, deux heures de vol dans la ouate .

On n’imagine pas trouver un tel restaurant dans cette partie là de la ville, un quartier éloigné du cœur de la cité, mais en a-t-elle vraiment un, cette cité entrée dans le vingt et unième siècle par un curieux tube souterrain qui fit couler la salive des vieux de la vieille, ceux qui savaient, ceux qui prédisaient les pires catastrophes jouant ainsi les Scaphandre. Au fond, je dois l’avouer, je n’ai jamais bien compris cette expression là.

Il faut préciser que ce quartier est un curieux endroit pour un restaurant chic, tout près d’un lycée technique, là où il y a quarante ans s’étalaient encore les jardins d’ouvriers, là même où les travailleurs se délassaient le dimanche venu dans leur petite parcelle, poireautant amoureusement ou carottant large. En face, vestige d’un temps révolu, un hippodrome déchu, transformé le jour en un immense terrain de jeux et de promenades et le soir venu envahi par les coureurs en tout genre .

La nuit tombée, la route qui fut grande et Nationale, cette route qui fut l’accès royal à la forêt domaniale voisine, cette route comme tombée en désuétude par la faute de ces voies rapides et anonymes, cette route semble s’assoupir une fois les citadins dans leur cahute protectrice, webant aux corneilles ou prenant racine devant leur tévé gourou , cette route dégueuloir matinal de jeunes cadres pressés d’arriver stressés dans leurs bureaux aie teck , poussés là où il y a cinquante ans, mais cela on me l’a raconté bien sûr , je suis beaucoup trop jeune pour en témoigner, la forêt avait placé ses avants postes aux portes de la ville, cette bourgeoise endormie qui ignorait qu’elle serait un jour envahie par les herbes folles de la jeunesse, cette route disais-je plus haut entre en hibernation, ce que semble faire le Papy prostré dans son fauteuil de skaï de la Jamaïque .

Mais je m’égare sur les bas-côtés de cette belle soirée.

Ainsi, ce soir là, j’ai d’abord vu les cinq amies, cinq copines en goguette pour six places réservées. Je me demandai en les observant , heureuses de se retrouver, ce qui pouvait les unir, la benjamine à l’humour caustique, jeune trentenaire épanouie, prête à dégainer le bon mot et les quatre femmes plus âgées, les trois grâces telles les mousquetaires . Aglaïa la brillante, la femme au chapeau, qu’elle était belle on aurait dit Greta Cargo, enfin un nom comme çà. Euphrosyne, la joie de l’âme, toute simple mais ne vous y trompez pas, la simplicité comme vertu rare , Thalie la verdoyante au langage parfois si fleuri et aux yeux coquins et enfin la mystérieuse Hegemone toujours là quand on ne l’attend pas et surtout quand on ne l’espère plus .

J’étais impatiente de voir la sixième copine, curieuse de voir à quoi elle ressemblerait, cette pièce du puzzle manquant, ce chaînon qui donnerait sans doute sens à ce curieux attelage, oui je sais vous allez me dire pour une petite serveuse elle possède un langage châtié, mais je ne sers que le soir, dans la journée je poursuis brillamment mes études de compatibilité.

Arriva un drôle d’énergumène, il devait confondre avec le routier d’a côté, vous allez me dire, le bouiboui il est fermé depuis 10 ans, mais ce drôle a tellement l’air de sortir de nulle part qu’il ne m’étonnerait pas qu’il se goure de crèmerie, vous voyez tout de suite il me rend vulgaire, il est des individus qui vous entraînent ainsi dans la fange boueuse par leur seul anticharisme.

Mais avant que je n’aie pu intercepter le malandrin voilà que ce vieux cabot embrasse les grâces sans demander son reste bien qu’elles en aient de fort beaux du reste. Mais, à mon étonnement le plus grand possible, les grâces se laissent faire de bonne....., vous avez vraiment cru que j’allais la faire celle là eh bien non, mais c’est qu’elles ont l’air d’accord, bon à leur âge, m’enfin quand même.

Finalement ce n’est pas tant qu’il soit mal habillé le ruffian, c’est plutôt qu’on sent l’effort et le sent-bon de bon marché, on voit bien que maladroitement il a tenté de se raser de près, on imagine sans penne ce drôle d’oiseau tentant de s’habiller pour sortir, mais c’est patent, on ne voit décidément que son effort, ses pitoyables efforts.

Les grâces, la caustique et l’énergumène passent à table. Je tente, pour bien lancer la soirée, et puis surtout pour tester à qui j’ai affaire, certains par un silence glacé vous font comprendre que vous la petite boniche vous êtes là pour servir, passer les plats le poivre et le sel mais pas pour y mettre les pieds et encore moins pour en ajouter, je voulais dire dans l’ordre le plat et du sel, un bienveillant, qu’il convient donc de rattacher à je tente : «  cinq belles femmes pour vous seul...».

Le vieux gouspin jeta un regard circulaire sur les tables à l’entour accompagné d’un délicat et sonore

: «  Où çà ????? ».

Voilà qui augurait d’une charmante soirée et pourtant les belles ne semblèrent pas lui en tenir rigueur, toutes d’indulgence pour sa grossièreté feinte qui sait ?

Je compris au hasard de la danse des plats et des bribes de souvenirs remémorés que ces six là avaient constitué une sacrée équipe de travail, de ces équipes faites de personnalités forcément difficiles à gérer, une alchimie de personnes qu’il fallut sans doute à un moment briser. La soirée fut faite de fous rires, de verres s’entrechoquant de plaisir, de moments de silence partagés, de souvenirs ensoleillés, de nuages de tristesse parfois à l’évocation d’une amie injustement disparue . Longtemps après que les tables se furent vidées de leurs discrets occupants, ces six là discutaient encore semblant vouloir prolonger éternellement ce voyage de l’intense plaisir d’être ensemble, de se retrouver une fois encore.

Papy s’éveille, il est dix heures, Papy pose la main sur la souris, pourtant je n’avais pas fini, allez, je vous laisse.

A.

UN BON REPAS

Vendredi j’ai été manger avec mes copines, elles ont payé par chèques bancaires et moi j’ai payé le reste avec ma carte, parce que j’avais oublié mon chéquier. On a bu un peu, bien mangé, c’était fin, et puis on a bien ri ensemble, c'était moins fin, à l’évoquement de notre passé.

L.

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Commentaires
B
bonjour,<br /> merci de ta bienvenue ca f plaisir je suis sur le tient et jecrois que je vais y passer un moment afin de mieux te connaitre <br /> a bientot<br /> babou
T
Je commence à m'impatienter, tes beaux textes se font rares en cette fin d'hiver, j'espère que ce n'est pas pour raison de santé que PAPY reste silencieux.
L
j'adore l'humour délicat du vieux gouspin.<br /> ce "où çà", c'est tout un poème!<br /> et à la remarque nunuche de la serveuse, que répondre d'autre?<br /> je pense que les femmes préfèrent ce genre de réponse à des phrases toutes faites et sans relief, genre vieux beau qui se prend pour un tombeur...<br /> du moins, c'est mon cas! au moins, face à cet humour là, je peux sortir le mien, qui est féroce!
Z
Y a pas ! Cette truculente description donne envie de connaitre ce vieux gouspin !
T
Elle a dû être très agréable cette soirée, rien que la desription, qui en est faite, fait regretter de ne pas avoir été invitée. <br /> Ces copines, elles seraient ravies de lire ce texte. <br /> Mais que vient faire ton Cargo dans ce restaurant?.... Tu as raison elle ne mérite que ça ! Na......
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