UN VENDREDI HABITUEL
17 heures, un vendredi habituel à Rennes, les bureaux
recrachaient les modestes employés, les cadres seraient évacuées un peu plus
tard, l’avenue Janvier était prise d’assaut
par des véhicules légers, un acrobate cycliste préparait son numéro de cirque,
les deux roues motorisés filaient un coup à droite, un coup à gauche, un bus dégingandé changeait de file
sans crier gare, il faut dire à sa décharge qu’elle était derrière lui, des
piétons piétonnaient, chacun semblait savoir ce qu’il avait à faire.
Tout était normal, tout était en
ordre dans ma bonne ville de Rennes.
Des automobilistes pleins d’empathie
se faisaient des petits gestes amicaux soulignés de conviviaux coups d’avertisseur.
Un véhicule rouge plus pressé que d’autres faisait hurler sa sirène hurlante,
tout était normal dans ma bonne ville rennaise.
17 heurs 02. Arrivée au pont
Pasteur, quelques badauds penchés au dessus de la Vilaine. Un véhicule qui s‘engage
sans état d’âme sur le trottoir, s'arrête dans un crissement de film, on allume ses feux de détresse, on s’éjecte à
l’avant, on s’éjecte à l’arrière, portable à l’oreille, les portières claquent,
les passants s’offusquent, et çà s’indigne et çà fulmine contre ces irrespectueux qui ne respectent
rien .
Çà n’est pas normal dans ma
bonne ville de Rennes un tel manque de savoir se garer.
Ce samedi, quelques lignes dans
le journal de ma ville. Le corps de l’étudiant disparu depuis cinq jours
retrouvé dans la Vilaine près du pont Pasteur vendredi vers 16 h 45.