Elles détonnaient dans la
salle d’attente du centre social, les crêtes colorées hérissaient le poil des
uns et se faisaient dresser les cheveux sages des autres.
Elles étonnaient la clientèle
habituelle . On regardait du coin de l’œil ce drôle de couple, gamines délurées, vêtements
bariolés, regards allumés, de partout percées, pétard au bord des lèvres, fous
rires caches misères.
L’entretien partait
joyeusement dans tous les sens, le brave assistant social reformulait sans relâche,
récitait, consciencieux, ce qu’on lui avait inculqué, les deux comparses dynamitaient
à coup de mots et de rires , sourires complices, insouciantes gamines de vingt
ans, sans égard pour leur souffre-douleur.
L’assistant social ne le
disait pas, mais il les aimait bien ces deux punkettes.
Il aurait dû leur dire.
Un jour elles partirent
comme elles étaient apparues, la salle d’attente retrouva son calme. Le vent de
folie fût oublié.
Leur dire.
Des mois plus tard.
Un autre jour, l’une revint,
seule.
Les yeux brillaient
toujours, mais cette fois des larmes rouillaient les piercings, cette fois les
mains ne dessinaient plus de folles arabesques,elles s’étaient nouées,
douloureuses, cette fois les mots qui s’échappaient naguère joyeux et qui dansèrent
le long des murs du morne bureau, peinaient à franchir les lèvres pâles.
Oui, peut-être un peu, merci, l'avantage de l'âge, mais tout de même, il me faut garder un peu de modestie;
T
Truly
27/11/2008 22:49
Tu imagines que ,venant de toi qui m'as tant appris, ce commentaire me fait drôlement plaisir.<br />
<br />
Grosses bises<br />
<br />
Loïc
T
Thé
27/11/2008 20:18
Difficile métier, cotoyer, d'aussi près, la souffrance humaine, pouvoir en parler aussi simplement, être capable de transmettre de telles émotions et un tel vécu !!!!!!!<br />
Bravo, je retrouve tout.
L
Loïc
25/11/2008 22:24
On sait rarement ce que produisent nos paroles, nos actes, nos attitudes. Dans cette histoire qui m'a inspiré ce billet,je crois, des années après, avoir donné ce que j'ai pu. D'ailleurs, ces deux jeunes étaient parties depuis des mois de mon secteur de travail . Le fait que l'une soit revenue vers moi pour m'annoncer le décès de son amie montre que je n'avais pas servi à rien, c'est en tout cas comme cela que je lis les choses.
C
charivarii
25/11/2008 07:27
violent, et percutant<br />
et parfois l'on voit, l'ont dit, et l'on ne peut rien...