Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Rien à raconter
Rien à raconter
Publicité
Derniers commentaires
17 novembre 2008

LE PETIT CHAT

Elles détonnaient dans la salle d’attente du centre social, les crêtes colorées hérissaient le poil des uns et se faisaient dresser les cheveux sages des autres.

Elles étonnaient la clientèle habituelle  . On regardait du coin de l’œil ce drôle de couple, gamines délurées, vêtements bariolés, regards allumés, de partout percées, pétard au bord des lèvres, fous rires caches misères.

 L’entretien partait joyeusement dans tous les sens, le brave assistant social reformulait sans relâche, récitait, consciencieux, ce qu’on lui avait inculqué, les deux comparses dynamitaient à coup de mots et de rires , sourires complices, insouciantes gamines de vingt ans, sans égard pour leur souffre-douleur.

 L’assistant social ne le disait pas, mais il les aimait bien ces deux punkettes.

 Il aurait dû leur dire.

 Un jour elles partirent comme elles étaient apparues, la salle d’attente retrouva son calme. Le vent de folie fût oublié.

 Leur dire.

Des mois plus tard.

 Un autre jour, l’une revint, seule.

 Les yeux brillaient toujours, mais cette fois des larmes rouillaient les piercings, cette fois les mains ne dessinaient plus de folles arabesques,elles s’étaient nouées, douloureuses, cette fois les mots qui s’échappaient naguère joyeux et qui dansèrent le long des murs du morne bureau, peinaient à franchir les lèvres pâles.

 

Ma copine.

 

Elle s’est pendue.

 

Elle n’a pas supporté la mort de son petit chat.

 

 

J’aurais dû leur dire.

Publicité
Publicité
Commentaires
T
Oui, peut-être un peu, merci, l'avantage de l'âge, mais tout de même, il me faut garder un peu de modestie;
T
Tu imagines que ,venant de toi qui m'as tant appris, ce commentaire me fait drôlement plaisir.<br /> <br /> Grosses bises<br /> <br /> Loïc
T
Difficile métier, cotoyer, d'aussi près, la souffrance humaine, pouvoir en parler aussi simplement, être capable de transmettre de telles émotions et un tel vécu !!!!!!!<br /> Bravo, je retrouve tout.
L
On sait rarement ce que produisent nos paroles, nos actes, nos attitudes. Dans cette histoire qui m'a inspiré ce billet,je crois, des années après, avoir donné ce que j'ai pu. D'ailleurs, ces deux jeunes étaient parties depuis des mois de mon secteur de travail . Le fait que l'une soit revenue vers moi pour m'annoncer le décès de son amie montre que je n'avais pas servi à rien, c'est en tout cas comme cela que je lis les choses.
C
violent, et percutant<br /> et parfois l'on voit, l'ont dit, et l'on ne peut rien...
Publicité