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Rien à raconter
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16 décembre 2008

BULLETIN DE SANTE

L’homme, plutôt ce qu’il en restait, se laissa tomber au pied de son lit qu’il sentait déjà refroidir comme se préparant au pire, le lit. Hagard dans le noir, se redressa puis buta dans une chaise, termina son parcours rampant plus que marchant, lui revenaient en tête les images de Freaks, vieux film qu’il aimait. Les monstres ne sont jamais ceux que l’on croit et derrière le sourire éclatant et le visage angélique se tapissent souvent, bien à l’abri, les desseins les plus noirs. Enfin, il arriva à se hisser sur son siège de douleur en couleur, le siège,et encore une fois eut l’impression que des torrents de boues liquides et nauséabondes lui sortaient des entrailles, comme des rivières de vie mourante  qui le quittaient, comme les rats quittent le navire prêt à couler, comme un stade de foot qui se vide des supporters dépités de la défaite de ses favoris, comme, bon ça suffit, il se dit qu’à la réflexion ce n’étaient pas des impressions ou alors fort malodorantes.

 

 Il contemplait ou plutôt le large miroir lui renvoyait son image à la fois hâve et blanchâtre comme si ce qui lui restait d’humain s’échappait par les pores de sa peau. Lui revenaient en mémoire les images d’un Nosferatu de Murnau, vieux film qu’il aimait mais là il ne trouvait rien à dire de plus, on ne joue pas à l’auteur impunément.

Combien de fois, triste narcisse s’était-il ainsi examiné se persuadant que décidément non s’il n’était pas beau, il n’était même pas laid, juste une figure sans intérêt, un regard sans lumière, puis un épiderme s’affaissant, des valises prêtes au grand voyage, un terne homme au sternum avachi, combien de fois s’était-il persuadé que vraiment il ne méritait pas de vivre avant de renoncer emporté par sa courageuse et coutumière lâcheté.

Puis traversé par un long spasme douloureux s’affaissa sur le carrelage acheté il y a si longtemps chez Point P, ce carrelage rose que leur cruel manque de goût avait fait assortir à leurs rouleaux de papier toilettes premier prix, muets témoins de tant de déchéance, dont il songea soudain que le complaisant auteur le mettrait au singulier alors que le pluriel de ses désastres conviendrait tant, ce carrelage disais-je dont le froid rassurant lui donnait le sentiment d’un peu de paix, mais on le sait la paix c’est leste et c’est ainsi qu’il se hissa, comme ragaillardi de s’être tant vidé ,dans son lit pour le coup devenu complètement froid, sentinelle étrangère à son désarroi.

Dix fois, cent fois, il répéta l’opération nocturne, se cognant ici, se heurtant là, ne sachant donner de la cuvette tant il fallait écoper, non ce n’est pas un billet politique, emporté par les flots et les flux noirs, il imaginait déjà sa gerbe et les commentaires compatissants et concupiscents, c’est vraiment trop con de mourir comme ça,

 

Le matin, coquin blafard, le réveilla tout de même et il sut qu’il lui faudrait attendre et continuer.

 

Enfin bref, j’ai fait une belle gastro.

 

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Commentaires
T
Elle m'a inspiré à défaut de me faire expirer, ce qui est un moindre mal, j'en conviens...En tout cas merci de me lire, toi qui te fais si rare du côté des blogs..Oui, dans le coin on est à la pointe de l'épidémie..:)))<br /> <br /> Loïc
L
Vraiment très drôle ; elle t'inspire cette foutue gastro (que j'ai moi aussi partagée il y a quelques jours : le virus traine dans le coin )
T
Merci Val, on peut dire que j'ai rendu ...une copie correcte, je commence à aller mieux, content que la semaine de travail s'achève...<br /> <br /> Loïc
T
Presque guérie, Coumarine, une prochaine fois j'avalerai moins vite les boulettes , mais y'avait cette femme au thé qui me regardait :))))<br /> <br /> Loïc
V
Bien mené!<br /> Allez-vous mieux?
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