COUP DE BALAI
De curieuses créatures émergeaient des champs embrumés, les casques astiqués rutilaient, les boucliers sagement la fermaient, le silence enrobait la danse des hommes en noir. Les barrières s’érigeaient, les routes se barraient, le silence de l’aube chassait les bruits de la nuit .
Au centre la grande bâtisse était encore ensommeillée,
elle ignorait la toile qui la prenait dans ses fils et qui prendrait ses fils
dans ses bras.
Plus tard, les araignées noires interpelleraient, les engins pelletteraient, les billets s’exhumeraient, les larmes couleraient, les colères se larveraient, les véhicules somptuaires seraient embarqués.
Les
pères, les fils, les frères laisseraient le grand-père seul dans son cercueil au fond
du vaste jardin. La presse locale ferait ses choux gras de ce coup de balai.
Ceux-là au moins ne voyageraient
plus pour quelque temps.
Les femmes et les enfants
restèrent autour de la grand-mère, chef de camp, chef de groupe, chef de
famille, de la Famille. Les femmes gardaient le navire, elles ne le
quitteraient pas en attendant le retour de leurs hommes.